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CONCLUSIONS

Même si un protocole de traitement des commotions assez strict existe déjà, le traitement réel est loin d’assurer la sécurité des joueurs. Le diagnostic des niveaux de commotion laisse une partie relativement importante à l’appréciation du médecin du club. Ce dernier qui est chargé de prendre la décision du retour sur le terrain ou non du joueur sert bien évidemment les intérêts sportifs du club. Ceci a été le cas pour l’affaire Cudmore, ce dernier rapportant avoir été officiellement autorisé (et officieusement forcé) à retourner sur le terrain alors qu’une application rigoureuse du protocole ne l’aurait pas permis. Il faudrait donc mettre en place une équipe de médecins indépendants qui soient chargés de s’occuper du diagnostic et de la décision de la durée de repos du joueur à chaque match.

Le mieux serait donc d’être dans une optique de prévention. Si il y a une augmentation significative du nombre de commotions par saison, c’est en raison de la mutation que ce sport a subie. Comme nous avons pu voir, le jeu comprend maintenant beaucoup plus de collisions frontales qu’avant et la professionnalisation a conduit à des musculatures plus développées et à des performances physiques supérieures : Les chocs, non seulement plus violents, sont davantage susceptibles d’impliquer la tête des joueurs, ce qui conduit à des commotions plus fréquentes et plus dangereuses.

Il est finalement intéressant de noter que le Top 14 (1ère division du championnat français) recense le plus grand nombre de commotions parmi tous les autres championnats du monde. La différence avec les championnats de l’hémisphère sud en particulier est frappante comme le soulignait Jean-Christophe Berlin : “Le rugby de l’hémisphère sud, à l’image du Super Rugby (championnat de l’hémisphère sud), est beaucoup plus dans le jeu de passe, il y a beaucoup moins de “pilonnage” et de phases de rucks, les joueurs sont moins susceptibles de recevoir des chocs à la tête, il y a moins de commotions”. Mais pourquoi une telle différence dans le style de jeu alors ? La faute à l’enseignement du rugby dans les clubs, dès le plus jeune âge, nous révèle Mr Berlin. “La France a produit des générations de joueurs ayant appris un rugby basé sur le défi physique et individuel et non sur le collectif et le jeu de passes”.

Il faudrait donc revenir vers une pratique plus collective et moins collisionnelle du rugby, tel qu’il l’était il y a 30 ans, cela pourrait déjà réduire en partie le nombre de commotions. Et ce changement doit s'opérer depuis les écoles de rugby, dans l'enseignement des catégories les plus jeunes.

Ce changement a déjà été initié dans plusieurs pays, comme en Angleterre et en Nouvelle-Zélande où les plaquages ont été interdits dans les jeunes catégories, afin de privilégier au maximum un jeu de passe avec moins de contacts. La FFR est en train de mettre en place un système semblable. Affaire à suivre.

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