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LE RUGBY

Cette augmentation est spectaculaire... Rien que sur les cinq dernières saisons de Top14, le nombre de commotions cérébrales observées lors des matchs du championnat de Rugby français est passé du simple au double pour atteindre 107 la saison passée.

Le rugby est-il devenu un sport trop violent ? 

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Ainsi ces données alarmantes nous amènent à nous poser des questions sur le rugby et son évolution dans le temps.

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Evolution du nombres de commotions en Top14 par saison

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Que peut-on observer sur le style de jeu du rugby des années 80 après visionnage de cette vidéo ? Tout d’abord ce qui est frappant lorsqu’on est amateur de rugby, c'est la différence de gabarit des joueurs avec ceux d’aujourd’hui, les joueurs sont plutôt minces et élancés mis à part les piliers qui eux sont plutôt petits et gros. Pour ce qui attrait au jeu en lui-même, on remarque de manière assez évidente le très faible nombre de phases de ruck. Comme on le voit à 26´´31 les joueurs cherchent constamment à éviter d’aller au sol quitte à tenter des passes après contact difficiles. Cela apporte une réelle fluidité au jeu mais peut aussi produire l’effet inverse comme on le voit à 38´´42 où l’action mène à un en-avant. Les arrières sont d’ailleurs extrêmement sollicités ce qui témoigne d’une envie constante de trouver les intervalles et éviter les plaquages. Le nombre de collisions frontales est aussi limité par une forte propension des joueurs à jouer au pied. Toutefois, les dangers de ce rugby sont notamment un manque de rigueur des règles et de discipline des joueurs. En effet on observe très clairement le manque de fermeté des arbitres avec la mêlée à 34´´30 qui n'est pas du tout coordonnée. Les rucks sont également très mal maîtrisés comme on l’observe à 40´´37 où les joueurs se jettent dans tous les sens tête en avant, ce qui est dangereux. Les joueurs sont également peu disciplinés dans leurs plaquages comme on le voit sur le plaquage à 35´´42. Enfin l’assistance médicale est extrêmement légère: à 30´´12 suite à un mauvais coup de la part d’un joueur adverse (assez fréquent à l’époque) le joueur reste au sol et a l’air mal en point. Une seule personne du staff médical arrive et le joueur est forcé par l’arbitre à se relever et quitter le terrain pour que le jeu reprenne sans vraiment se soucier de savoir si le joueur est apte à se relever. A 37´´14 un joueur montre des signes clairs de douleurs à la tête, personne ne réagit.

Comment cette analyse de deux phases de jeu, en 1985 et 2015 nous permet de comprendre que le nombre de commotions ait explosé entre ces deux dates ?

Ce que nous explique Jean-Christophe Berlin, c'est que la situation de jeu la plus encline à provoquer des commotions cérébrales est lorsque la collision entre deux joueurs est frontale. Or comme nous l'avons observé dans les vidéos, le rugby d'aujourd'hui est un rugby dans lequel on retrouve bien plus d'affrontements frontaux qu'en 1980 (date à laquelle le rugby en France est encore amateur) entre des joueurs de plus en plus explosifs, avec des physiques plus en plus développés.

Cette vidéo caractérise très bien en une action ce qu’est devenu le rugby moderne. Après un ruck, l’ouvreur français écarte sur Mathieu Bastareaud, 120kg pour 1m83, qui a le choix entre chercher le large jusqu’à son ailier où "pilonner" la défense irlandaise. Malgré une possibilité d’essai en écartant il choisit de foncer droit sur Jonathan Sexton, 90kg pour 1m89. La rapidité du centre français et la différence de quelques 30kg entre les deux hommes ont laissé l’ouvreur irlandais inerte et incapable d’ouvrir les yeux pendant plusieurs minutes. Le choc est extrêmement violent et le joueur va devoir être évacué. Ce qui est regrettable, c'est que mettre un tel tampon n’a même pas permis au joueur de gagner du terrain étant donné qu’il a essayé de mettre tellement d’impact et de vitesse qu’il a perdu l’équilibre vers l’avant et est tombé à l’endroit du plaquage. Ainsi, alors qu’il y avait l’opportunité d’aboutir à une très belle occasion à l’aile, de par sa décision tactique, Mathieu Bastareaud l’a gâchée simplement pour envoyer Sexton sur un brancard. En effet, l’action qui a suivi n’a rien donné comme on le voit avec Gaël Fickou qui à nouveau, au lieu de transmettre à l’aile gauche, retourne dans le tas pour laisser à un nouveau ruck. Ainsi, des différences de poids de plus en plus importantes, des avants qui courent de plus en plus vite, une volonté croissante de toujours chercher la collision frontale sont un vrai fléau pour la santé des joueurs et la beauté du jeu.

Un ruck

Autre exemple de contact violent dans le rugby moderne

Evolution du nombre de commotions par saison en top 14

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